Un silence assourdissant
Ce matin-là, un œil ouvert, puis l’autre, un pied à terre et cette pensée, immédiate : “c’est vide”. Une main sur le ventre : “existes-tu, toi ?”. Mes seins tirent encore, mais peut-être un peu moins. Cela fait trois jours que je n’ai plus envie de vomir, pleurer et m’effondrer face à une assiette de nourriture. Je m’endors plus tard, alors que la semaine dernière, je n’existais plus dès 22 heures.
Que se passe-t-il ?
Je ne peux pas dire mon secret à l’homme qui dort à côté de moi. D’ailleurs est-ce un secret ? Seulement un doute, qui s’immisce insidieusement entre nous. Ton fils, ta fille, n’existe plus. Je ne le sais pas mais j’ai un pressentiment. Annule-t-on la paternité de quelqu’un sur un pressentiment ? Surtout celle de l’homme qu’on aime ?
Alors je ne dis rien.
Il faudra deux semaines de plus. Un rendez-vous raté avec le cœur du bébé, qui aurait du résonner. Mais rien ne résonne.
Seulement nos sanglots, infinis, dans le hall de cet immeuble de malheur.