Souvenir d’été
Pour bien faire, il faudrait vraiment que je retrouve qui a dit ça :
“Je ne vous rejette certes en rien,
je mesure plutôt combien j’ai grandi.
J’adore, mon père, vos cheveux gris
mais… il me faut peigner les miens.”
J’avais lu ces lignes à Kovalam, en Inde, un village de plage niché au bas d’une colline keralaise. Chemins brouillons parmi les lianes, fossés, ombres, insectes et banana pancakes. Ni voiture ni rickshaw, mais des Indiens noirs sublimes qui jouaient au frisbee sur le sable doré de fin de journée. La mer des Laquedives virait rouge. Le soleil déclinait devant le “light house”, phare de bande dessinée qui correspondait point par point aux phares que l’on imagine enfant. Mes pieds brûlaient. De ma terrasse vue sur mer, je tentais d’allumer un encens Nag Shampa avec un briquet vide acheté un peu plus tôt. L’appareil photo restait à l’intérieur, branché à une prise sans courant. Il n’y avait que ce livre et moi, Le grand roman indien, et leurs torses brillants qui jouaient en bas.